La stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) est une technique de traitement de neuromodulation magnétique non invasive qui a été validée dans les dépressions qui ne répondent pas aux médicaments ainsi que dans les hallucinations de la schizophrénie. Nous nous interrogeons sur sa faisabilité et son intérêt dans la maladie à corps de Lewy (MCL). Plus spécifiquement, notre objectif est d’évaluer les effets de la rTMS, dans la MCL, en condition expérimentale et condition contrôle. En termes de conséquences fonctionnelles nous souhaitons principalement évaluer les effets de la rTMS sur les fluctuations cognitives et d’éveil/vigilance ainsi que sur les troubles cognitifs, qui sont des symptômes particulièrement envahissant de la MCL.
Les fluctuations de la MCL correspondent à des variations à la fois de la cognition et de la vigilance, au cours du temps. Ainsi, les patients peuvent somnoler à certains moments de la journée, ils peuvent aussi avoir des moments de regard fixe ou bien voir leur pensée ou leur langage diminuer, avec au maximum des moments de confusion en journée (Ferman et al., 2004). À notre connaissance, seule une étude préliminaire (Takahashi et al., 2009) a évalué l’efficacité de la rTMS dans la MCL, en mesurant l’effet sur les symptômes dépressifs. Cet essai avait montré une excellente tolérance de la rTMS.
Nous avons précédemment mis en évidence des altérations au niveau de l’insula antérieure, corrélées aux fluctuations cognitives et de vigilance dans la MCL (Chabran et al., 2020). Par conséquent, nous souhaitons cibler le cortex insulaire pour l’application de la rTMS chez des patients atteints de MCL. Notre hypothèse est que la rTMS ciblant le cortex insulaire, permettrait de réduire les fluctuations cognitives et d’améliorer par conséquent le fonctionnement cognitif des patients MCL.
Les atteintes insulaires, sont néanmoins variables entres les patients. Pour cette raison nous souhaitons proposer une rTMS personnalisée à chaque patient, en tenant compte de l’emplacement exact des dysfonctionnements insulaires de chaque sujet, objectivé par des IRM cérébrales multimodales préalables.
Nous prévoyons l’inclusion de quarante sujets dans l’essai thérapeutique, selon un plan expérimental croisé (cross-over study design) à deux bras, lors duquel chaque sujet sera son propre contrôle. Les deux conditions expérimentales seront contrebalancées : la rTMS verum multicible intra-cortex insulaire en condition expérimentale, et la rTMS « témoin » des régions occipitales en condition contrôle.
Les bénéfices escomptés du traitement par rTMS pour les patients MCL pourraient être importants comparativement aux faibles risques liés à cette technique ou à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), ces deux méthodes étant en non-invasives et sécurisées. Par ailleurs, cette étude permettrait parallèlement de contribuer au développement de connaissances théoriques sur l’insula, notamment en termes de connexions intra- et inter-régionales et des fonctions sous-tendues.